samedi 19 février 2011

Faut-il s’immoler pour avancer ?

"Indignez-vous !" 800 000 exemplaires vendus mais est-ce que cela fait 800 000 révoltés ? : Est-ce que cette indignation, si elle n’est pas suivie d’effets, sert à quelque chose ?
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Malgré tout le respect que je peux avoir pour Stéphane Hessel, j’en ai assez de m’indigner : « les jeunes sont de la chair à chômage », « Maintenir les seniors dans l’emploi plutôt que de les recruter », « 2010 : annus horribilis ». Vous connaissez mes sujet favoris les seniors et les juniors. Seniors parce que je recrute essentiellement cette population, juniors parce que j’ai deux enfants.

Mais à quoi cela sert-il de s’indigner pour les seniors ? Je suis convaincue que ni le gouvernement, ni les entreprises ne vont s’en préoccuper parce qu’il n’y a plus que 4 ou 5 ans de chassé croisé difficile. Donc, on va les laisser tomber doucement avec des soins palliatifs car l’avenir appartient aux jeunes (ce que je ne conteste pas). C’est sûr et certain, on ne verra jamais une marée humaine comme pour le CPE, de seniors manifestant contre leur traitement

Les entreprises n’embauchent pas parce que leurs carnets de commandes ne leur permettent pas. En effet, compte tenu des charges pourquoi embaucher si on ne peut assurer le salaire de quelqu’un ? Les charges sont trop lourdes : j’aurais pourtant besoin de quelqu’un pour m’aider dans ma société mais la perspective de ne pouvoir nourrir un individu qui compte sur moi est effrayante et devoir le licencier l‘est encore plus !

Notre société ne peut pas plus consommer qu’elle ne le fait déjà. Où peut-on prendre des points de croissances les économistes et les philosophes disent qu’il faut changer de société. La Tunisie, l’Egypte, l’Inde ont l’espoir de nous rattraper. Sommes-nous réellement un modèle ? L’objectif pour ces pays est-il de s’occidentaliser, de se bancariser, vont-ils moraliser la finance, les affaires ?

Aucun politique n’a vu arriver ce qui s’est passé en Tunisie : un seul petit événement : un homme s’est immolé par le feu et c’est toute une région qui s’embrase. Le monde méditerranéen va changer c’est certain mais vers quel type de société va-t-il aller ? Il est évident que nous subirons les conséquences, pour le moment imprévisibles, de ce changement. Mais attention « il suffirait d’une étincelle » chez nous aussi pour que la société dérape. Cette étincelle sera-t-elle allumée par les jeunes ?

Ça va mal en dehors de l’entreprise et … aussi dedans : ceux qui ont du travail font l’autruche sentent qu’ils ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, subissent la pression du temps, des objectifs mais ne se rendent pas compte de ce qui se passe au-dehors. Tellement fatigués le soir en rentrant du boulot qu’ils n’iront même pas au bout de la lecture de cet article. Repli sur soi, égoïsme, achat d’un bon gros pull pour se protéger, se cocooner. Il n’y a jamais eu autant d’articles sur le net ayant pour thème « remettre l’homme au cœur de l’entreprise », est-ce la preuve qu’il en était sorti ?

Nous sommes nombreux à lancer des avertissements sur le net et ceci sans faire de catastrophisme aigu. Mais il existe effectivement une France qui rit et une France qui pleure. Une France qui a du travail une autre qui n’en a pas, bref, une société à deux vitesses. Non la France n’est pas en faillite, c’est seulement une partie de la France qui y est. Entre une droite qui se déchire et une gauche qui ne se raccommode pas, qui a un véritable projet pour notre pays ? Nos politiques de droite ou de gauche devraient s’interroger car l’indignation peut être porteuse de haine.

La haine est un véritable moteur de rassemblement.

La haine, oui pour les véritables chômeurs qui se sentent méprisés par la France d’en haut qui ne réussit qu’à mettre des rustines sur un problème de fond. Beaucoup d’économistes commencent même à penser que la notion de plein emploi est une chimère. Je n’y comprends plus grand chose, c’est la production ou la consommation qui va relancer l’emploi ?

La haine, oui pour les parachutes dorés, les retraites chapeaux, les salaires indécents des patrons du cac 40. Salaires : un écart de 6 250 % entre un grand et un petit patron. En 2009, les patrons du CAC 40 ont gagné 190 fois le Smic annuel :
• 9,2 millions d'euros pour Carlos Ghosn (Renault),
• 8,3 millions pour Christopher Viehbacher (Sanofi-Aventis),
• 7,6 millions pour Bernard Arnault (LVMH)
Les trois patrons du CAC 40 les mieux payés de France n'ont pas tous pâti de la crise. Environ 2,3 millions de salariés étaient payés au Smic début 2010, soit 1.343,77 euros brut par mois (1.056 euros net) pour un temps complet.

La haine des entrepreneurs en raison des prélèvements obligatoires insupportables. Les entreprises françaises sont soumises à des prélèvements plus importants que dans tous les autres pays européens, Suède exceptée, si on calcule le taux de prélèvement non pas par rapport au PIB (qui inclut le secteur public), mais par rapport à la valeur ajoutée des sociétés non financières : le résultat est édifiant, 26,4 % de la valeur ajoutée produite par les entreprises part en prélèvements obligatoires, contre moins de 15 % en Allemagne, meilleur élève européen sur ce point. C'est comme si les entreprises devaient travailler en France jusqu'à la mi-avril pour payer leurs charges sociales et leurs impôts. En Angleterre, les entreprises travaillent pour elles dès le début du mois de mars, et en Allemagne dès la mi-février.

La haine oui quand ce sont les restos du cœur qui nourrissent une partie de la population ce qui d’ailleurs mène à occulter le problème. On nous annonce des millions de repas distribués, cette action humanitaire que je salue, bien évidemment, nous évite de voir dans la rue des gens mendier ou se nourrir sur des tas d’ordure comme dans certain pays sous développés. Les Restos du cœur, la Mie de pain, les Petits frères des pauvres ne sont que des cache-misère qui nous donnent bonne conscience, quand une fois par an, nous donnons à la banque alimentaire. L’indignation, oui c’est un minimum quand on nous annonce une augmentation inexorable des prix des matières premières alimentaires. Spéculation sur la faim ? Il y là une nécessité absolue de dénoncer l’inacceptable et la responsabilité de transformer ce crime annoncé en projets précis.

L’Etat flotte t-il à côté du réel ?
Un pacte social qui ne permet pas la cohésion sociale puisque jeunes et seniors ne travaillent pas et donc n’ont pas d’indépendance financière. Quels qu’aient été les gouvernements la lutte contre le chômage a toujours primé sur la création d’emplois. Il est couramment reconnu que les seniors doivent céder la place aux juniors puisque les quinquas constituent une variable d’ajustement de l’emploi. La course à la rentabilité et à la performance ont détérioré les conditions de travail. Manque de reconnaissance de considération, stress, incitation à quitter la vie professionnelle avant terme nous font vieillir prématurément.

L’envie me prend parfois d’aller manifester entre République et Bastille « because it’s the place to be » pour se faire entendre mais j’y serais seule car Je suis athée et apolitique mais très orthodoxe !

2 commentaires:

  1. Le Sénat entonne l'Internationale
    Le parfum de la révolution a traversé la Méditerranée. Le jardin du Luxembourg ressemble à la place Tahrir et les bons sénateurs qui occupent le palais devraient très vite marcher sur l’Elysée. On connaît les meneurs. Elle, c’est une élue PS alsacienne ; lui, un UMP normand. Patricia Schillinger et Joël Bourdin veulent la peau des méchants patrons et le bonheur des gentils salariés. C’est écrit dans leur rapport de 400 pages sur « La prospective du pacte social dans l’entreprise » qu’ils ont remis à la demande de Gérard Larcher, le président du Sénat.
    Car le document des deux sénateurs est plus proche de la grenade dégoupillée que du simple rapport. Car nos sénateurs fustigent tout ce qui passe : les inégalités de salaires, le stress et la pression dans les entreprises, les discours illusoires du management, la chute libre du taux de syndicalisation, le développement de la précarité et le dérapage des rémunérations des dirigeants.

    On ne peut être qu’être d’accord avec Madame Shillinger et Monsieur Bourdin. Nous aussi, comme eux, on est contre la guerre (c’est mal), la pauvreté dans le monde (c’est pas bien) et le sida (c’est triste). Quand ils nous expliquent que les profits des 250 entreprises françaises les mieux cotées ont augmenté de 20 points ces dernières années, et que le partage de ces richesses est aux abonnés absents, on opine : c’est super méchant pour les petites gens.

    Quant aux dirigeants, certains sont beaucoup trop payés. Là encore, on ne peut qu’acquiescer et calculer la différence entre les 9 millions d’euros annuels du boss le mieux payé de France et les 16 380 euros annuels que touche un smicard.

    Mais attention, nos Guevaristes du Luxembourg ne se contentent pas d’égrener les grands malheurs, ils donnent les solutions pour que le monde soit meilleur. Pour que le riche et méchant patron soit moins riche et plus gentil, il suffit de rajouter un indice social dans le calcul de son salaire. Un indice du bonheur dans l’entreprise ? C’est jouable, grâce à un savant ratio qui, pourquoi pas, conjuguerait les salaires, la taille du sourire des salariés, le taux de turnover (bon thermomètre du bonheur dans une boîte) et le taux d’absentéisme (bon baromètre du bonheur dans une boite).

    L’autre mesure que les deux sénateurs aimeraient bien voir éclore un jour au firmament des lois de la République l’est également. Elle consiste à faire entrer les syndicats dans le conseil d’administration des entreprises. Comme c’est le cas en Allemagne. Encore une bonne idée. Sauf que les grandes confédérations rechignent. Sauf que pour cette mesure, comme pour les autres préconisations, les deux sénateurs font eux même le constat amer : l’Etat est de moins en moins capable de diriger la sphère économique.

    En gros, ce qu’ils nous expliquent, on le savait déjà. Quant à ce qu’ils préconisent, on sait maintenant que ça n’arrivera pas. Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 14 février 2011

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  2. Bonjour,

    Et pourtant, c'est tellement criant, tellement vrai que oui, la France qui rit doit être très vigilante à la France qui pleure !

    Je ne parle pas de ces quelques dirigeants qui, odieusement, se parent de parachutes en platine (n'est-ce pas logique et naturel ?), mais je parle de cette majorité de travailleurs et ces cadres qui se voilent les yeux, qui acceptent tout, qui ne savent plus dire non et qui, en final, entre dans une spirale de négation, une spirale où ils ont conscience de ne plus être opérationnels, de mal faire mais... qui ont un travail et sont prêts à tout pour le conserver.
    Alors, quand la France qui pleure voit les services se dégrader, les produits se disqualifier et les personnels se démotiver, il faut craindre la jalousie, défaut majeur de l'humanité.
    Alors zut, investissons dans les problématiques plutôt que de vouloir régler les problèmes, toujours dans l'urgence, et qui empéche d'avancer et de s'investir.

    Bien à vous

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