mercredi 2 mars 2011

Le DRH et le vigneron : «Il a de la bouteille» !


Les vins en vieillissant, subissent de nombreuses transformations. Les hommes aussi ! Ces changements varient selon les vins/hommes et les conditions de stockage dans la cave et dans l’entreprise. Si certains vins/hommes prennent beaucoup de valeur et augmentent en qualité en vieillissant, d'autres vins/hommes se dégradent avec le temps.
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Durant le vieillissement prolongé en bouteille/entreprise, certains tendent à s'assouplir et les bouquets/potentiels se développent pour atteindre leur maximum au bout de quelques années ; d’autres atteignent leur plein développement en quelques mois.
A l’instar des êtres humains, le vin passe par la petite enfance, l’adolescence, l’âge adulte, l’apogée, le déclin, pour finir par la sénilité/piquette totale. Les bouteilles de capacité supérieure à 75 cl portent des noms particuliers : Magnum : (1,5 litre), Jéroboam : (3 litres), Réhoboam : (4,5 litres), Mathusalem : (6 litres), Salmanazar : (9 litres) et enfin le Nabuchodonosor : (15 litres) tout comme nous appartenons à une génération particulière : génération Y (15-30 ans), génération X (30-45 ans),ou Génération senior (45-60 ans), chacun porte la culture et les valeurs de sa tranche d’âge

Petite enfance : les premiers pas c’est le Magnum : 2 bouteilles/ans d’expérience = acquisition des compétences basiques du métier : c’est un Y, il a 25 ans.
Trop jeune, il ne laisse percevoir que peu d’arômes. En bouche, il manque d’harmonie, les différentes saveurs sont dissociées. On décèle parfois une dominante d’acidité, d’alcool, ou de tanins. Le vin manque d’expression, tout est en retenue, en attente... ! Et comme disait mon grand-père bourguignon « On ne connaît pas le vin à l'étiquette, ni l'homme à l'habit. » Il a certainement des diplômes, sort major de promo d’une grande école mais « l’habit ne fait pas le moine», il y contribue seulement… Un bon dégustateur/recruteur se posera sûrement la question suivante : Comment savoir si un jeune vin a « du potentiel » : c’est-à-dire est susceptible de se bonifier avec l’âge ? Ouvrez une bouteille : testez-le !

L’Adolescence : l’âge tendre c’est le Jéroboam : 4 bouteilles/ans d’expérience = maîtrise du poste notamment les compétences techniques et relationnelles : en phase de professionnalisation : c’est toujours un Y, il a 27 ans
Le temps de l’adolescence est une période transitoire qui révèle les futures qualités du vin/homme. Avant d’aborder la phase adulte, il est souvent utile d’aérer le vin en carafe/séminaire, et de l’agiter par effet de rotation/formation.

L’âge adulte c’est le Réhoboam : 6 bouteilles/ans d’expérience = responsabilités opérationnelles et ou chef de projet : Fin de sa vie de Y, début du X, il a 30 ans
Evolution, ascension, confirmation de la personnalité d’un vin/homme, phase montante, moment idéal pour la dégustation hédoniste qui chapeaute la période de bonification d’un cru. Plaisir total, original et complexe ! Gérer, organiser, animer : il prend en charge un projet dans lequel il doit faire ses preuves en maîtrisant des compétences stratégiques.

La force de l’âge c’est le Mathusalem : 8 bouteilles/ans d’expérience = Encadrement de proximité, Responsable de service : c’est un X, il a 33 ans
Le cadre devient un encadrant, il doit développer sa polyvalence pour prendre au fur et à mesure des fonctions globales de management avec un niveau d’autonomie et de décision plus important.

La maturité c’est le Salmanazar : 12 bouteilles/ans d’expérience = responsabilités managériales : toujours un X, il a 37 ans.
Au fur et à mesure qu'on avance dans une carrière, la dimension managériale prend le dessus sur la technicité. C'est dire qu'aux stades avancés de la carrière de tout un chacun, il faut apprendre à gérer une équipe, à orienter les gens, à gérer des projets. On n'est plus un technicien, mais un chef d'orchestre. On ne parle plus du savoir-faire, mais plutôt du savoir relationnel. L’individu passe alors d’une zone de confort : son pouvoir technique d’expert à une zone à risques : la gestion des ressources humaines.

L’apogée : la plénitude c’est l’âge d’or du Nabuchodonosor : 20 bouteilles/ans d’expérience = expertise, Direction : il est senior, il a plus de 45 ans.
Les cadres jugés à haut potentiel prennent des fonctions au siège et pour certains lâchent l’opérationnel. Ici, c’est de stratégie et de vision à long terme dont il sera question, cela signifie peser plus dans le débat, permettre à vos valeurs d'être représentées et de s'exprimer.
C’est sur les plus grandes tables que l’on sert des vins de 20 ans d’âge, ils sont précieux, se dégustent religieusement comme une denrée rare, concentré du savoir-faire du vigneron, de la cave qui l’a élevé. Pour définir l’apogée, pensons à l’homme dans la cinquantaine, certains affichent une santé morale et physique à toute épreuve, l’âge ne semble pas les atteindre : ils ont de la bouteille, de l'expérience ou de la maturité. Tous les arômes fins d'un bon vin se développent lors de son vieillissement et cette opération l'aide à passer les années avec succès. En d'autres termes, une personne qui a de la bouteille est souvent…. de bon conseil.

Le déclin ou le vinaigrier !
En revanche, c’est vrai, d’autres subissent les effets du vieillissement, sans réaction. A l’égal de l’homme, les vins vieillissent plus ou moins bien, selon leur état physique et les conditions de vieillissement. Avant l’heure, c’est pas l’heure, après l’heure c’est trop tard.
Après l’apogée suit le déclin, le dernier moment pour vider les casiers et les postes !
Le bon vin n’est plus qu’un souvenir… nostalgie ! Fatiguée, la robe vire au brun tuilé, les tanins s’avachissent, les cheveux sont gris. Trop tard ! Naïf de croire qu’il suffit d’enfermer les bouteilles/hommes dans une bonne cave/entreprise pour garantir une durée de vie illimitée. Le vin est une matière vivante, et comme toutes les matières vivantes il y a forcément une date limite de consommation… !


Une hystérie hygiéniste.

Le lobby viticole a réussi à empêcher les avertissements de dangerosité sur les étiquettes de vin. En effet, face à certaines mesures de santé publique jugées extrêmes, des voix se sont élevées pour affirmer que l’on tuait «l’art de vivre à la française».Au nom de la santé publique, on a failli instaurer en France une société «hygiéniste» où bientôt, plus personne n’aurait osé boire un verre d’alcool.

Le lobby des recruteurs n’a pas réussi le même exploit ; candidats et recruteurs sont encore en train de se demander s’il est dangereux de porter son âge sur un cv.
En effet face à cette discrimination, des voix, la nôtre, celles des seniors chômeurs se sont élevées pour affirmer que l’on tuait « le recrutement à la française »
Au nom de la santé de l’entreprise, on a instauré en France une société hygiéniste dans laquelle on n’embauche ni les jeunes ni les seniors. On pourrait en effet rester sans voix devant cette flambée prohibitionniste mais je suis là pour vous rappeler que la rupture conventionnelle constitue « un pot de vin » et qu’un quinqua de « derrière les fagots » n’est pas nuisible !

Si l’alcool est à consommer avec modération, le quinqua et le sexa ne provoquent pas de dégâts.

Signé : « In vino veritas » une dame jeanne, senior, remplie d’eau de vie !

http://www.myrhline.com/actualite-rh/le-drh-et-le-vigneron-il-a-de-la-bouteille/article01022.html

1 commentaire:

  1. Bravo Elisabeth pour cette analogie du vin et de la vie (une seule lettre change)
    Et pour répondre à Bénédicte, la durée de conservation et le gout, dépendent du terrain et des cépages, comme pour l'être elle dépend de l'adaptation à la réalité et la force du "ressort" en nous...
    Bien cordialement
    Xavier VAN BECELAERE

    merci pour cet amusant parallèle entre le vin et le salarié :-)
    Pour ma part, j'ai eu une petite enfance très agréable : dès l'âge de 24 ans ma direction m'a confié un projet stratégique : la formation de 300 personnes, pour la plupart peu diplômées, au droit des assurances, alors que je ne sortais pas d'une grande école. Bilan : mission réussie. Je remercie ma direction de l'époque de m'avoir fait confiance.
    A l’adolescence (vers 28 ans), j’ai commencé à manager une équipe en m’inspirant de toutes les méthodes qui me semblaient intéressantes et enrichissantes pour les individus, en particulier la délégation de responsabilité.
    En pleine force de l’âge (33 ans), j’ai été licenciée, et j’ai profité de cette étape cruelle pour me former à la stratégie marketing. Je remercie ma conseillère ANPE de l’époque qui a été remarquable, et Guy Serraf, directeur de l’ADETEM, pour son enseignement de haut niveau.
    A 35 ans, j’ai été membre d’un Comité Directeur, mais ce n’est qu’à 42 ans que j’ai été nommée administrateur d’un organisme : le déclin n’était pas loin :-))
    A 50 ans, j’ai été à nouveau licenciée, j’ai failli tourner au vinaigre… mais non, j’ai décidé, à l’instar des vins doux du Roussillon, de muter, grâce à l’apport de l’internet et de mes recherches personnelles. Ca « ranciotte » comme disent les catalans pour un vin qui a de la bouteille.
    Avec l’allongement de la durée de vie, nous pouvons maintenant avoir 2 vies en une. Ca donne de l’espoir, à condition que chacun ait sa place dans notre société. Avec un peu d’imagination, on devrait y arriver.

    Bien cordialement,
    Bénédicte Poinsard
    ATTITUDE RESEAU

    Bravo Elisabeth pour cette si belle métaphore qui permet de revaloriser la place du sénior dans la société en général et dans l'entreprise en particulier ! Olivier Luisetti

    Bonjour Elisabeth,
    Excellente métaphore en effet, qui pose le problème: savoir à quel moment le vin/ homme bascule-t-il de l'épanouissement maximum au déclin. THIERRY GOHIER

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