Pourquoi les jeunes sont-ils dans la rue en train de manifester contre la réforme ?
Les Y ont vu leurs parents, leurs oncles, leurs tantes, leurs voisins jetés du jour au lendemain comme des Kleenex, parfois de manière inélégante avec une simple lettre sur le bureau en arrivant le lundi matin. Leur père a été licencié d’une entreprise qui marchait bien : situation de crise à la maison, sensation d’injustice… Ils enregistrent cela dans leur disque dur mental. Leur grand frère très diplômé a mis deux ans à trouver un poste stable mais qui ne correspond pas à sa formation, il a enchainé les CDD, l’intérim, le chômage… Ils se disent que décidément le monde du travail est féroce !
L’image mentale que se font les Y de l’entreprise est au confluent des sensations et de la mémoire. Les représentations mentales correspondent alors à leur manière d’appréhender l’environnement qui les entoure et pour eux qui ont vécu les situations précédentes, trouver un emploi s’apparente à un safari puisque le monde du travail est une jungle…
De plus, le niveau de stress touche toujours plus d’un salarié sur deux : charge de travail, mauvaise organisation, manque de soutien, sentiment d’isolement… Conséquence : la souffrance au travail se généralise : suicide, burn out, dépression, problèmes psychologiques… Qui aurait envie de travailler plus longtemps dans de telles conditions ?
Manifester contre la réforme des retraites est peut-être leur manière à eux d’exprimer leurs revendications. Les jeunes salariés révoltés de l’ère post industrielle exigent un fort investissement en matière de ressources humaines (anticipation de la gestion des compétences, utilisation forte en outil numérique, accès important à la formation) et en matière d’organisation du travail (management participatif, feed-back réguliers, travail en équipe, etc.)
Il est plus que probable qu’en descendant dans la rue, les jeunes ne manifestent pas pour eux-mêmes mais qu’ils « vengent » leurs parents de la maltraitance qu’ils ont subie pendant les « 20 Piteuses » récession, chômage, précarité et veulent les protéger au-moins pour leur retraite. Plan de licenciement, employés kleenex, fermeture d’usine, actionnaires gourmands expliquent le recul de la valeur travail dans les pays nantis mais aussi la posture de jeunes qui considèrent que le travail est une marchandise comme une autre.
